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observatoire de la guerre en IRAK
observatoire de la guerre en IRAK
6 janvier 2008

Que reste-t-il des universités irakiennes ?

Sources : http://fischer02003.over-blog.com/article-14419200.html et Bulletin n°81 des Amitiés Franco-Irakiennes / http://gmunier.blogspot.com/

L’Irak d’aujourd’hui, à l’aune de ses universités

Palais des Nations – Genève – 27 et 28/11/07

La tenue du séminaire organisé par le GIPRI n’a pas été sans problème. Une alerte à l’attentat terroriste – émanant des Etats-Unis,  selon la police suisse – en a retardé l’ouverture. Extrait du compte rendu de Karim Lakjaa, membre fondateur du RISIPRI(*) :

(…) Aucune portion du territoire irakien n’échappe à la violence. Bruno Jochum, de Médecins Sans Frontière (MSF) Suisse, notait (…) que « des patients ont été violentés, voire tués au sein même dans des hôpitaux qui ne sont plus un sanctuaire inviolable ».

La violence est donc partout. Elle revêt différentes formes : pression sur les étudiantes et les enseignantes pour qu’elles adoptent certaines tenues vestimentaires, menaces, limitation de la liberté d’expression et de recherche, attaques contre des bâtiments universitaires et assassinats.

Fawzia Al-Attia, professeur de sociologie à l’université de Bagdad en témoignait : « La situation se dégrade en raison de la violence », « le conflit marginalise la place et le rôle des intellectuels ». Elle relatait, de plus, « une augmentation du taux d’absentéisme, notamment des étudiantes » et un « développement du port du voile ». Et elle comptabilisait « entre février 2006 et août 2006, 180 professeurs tués par des étudiants ». Govand Sherwani, coordinateur des universités du Kurdistan et Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche au sein du gouvernement régional du Kurdistan allait dans le même sens en dénonçant les « menaces directe sur la vie et les attaques contre les centres universitaires », tandis que Mohamed Al-Assadi Doyen de l’université de Bassorah soulignait que « la violence s’exerce aussi sur les pensées ».

Kamel Al-Kenani, Doyen de l’Institut de planification urbaine et rurale de Bagdad percevait pour sa part, un processus dont l’objectif est « l’élimination des cadres scientifiques et surtout les  universitaires, par les attentats, l’enlèvement et les menaces ». Le corps professoral a ainsi payé un lourd tribut à Bagdad qui concentre 70% des victimes : université de Bagdad 185 morts, université de technologie de Bagdad 64 morts, université El Mustansiryia 57 morts. Les médecins et les ingénieurs ont été principalement visés et représentent respectivement 39% et 38% des tués. Les étudiants ont eux aussi été ciblés. A l’université de Bagdad, 216 ont perdu la vie, 77 à l’université de technologie de Bagdad et 29 à l’université El Mustansiryia. Selon Mukadad Al-Jababari professeur en sciences de l’environnement à l’université de Bagdad, seuls 26% des universitaires attaqués survivent à une attaque.

(…) Selon MSF Suisse 18 000 médecins irakiens auraient quitté le pays, entraînant une dégradation sans précédent du système médical qui n’est plus à même aujourd’hui de fournir une simple aiguille de seringue.

L’enseignement supérieur irakien n’échappe pas à ce phénomène. L’économiste Kamel Al-Kenani constatait, à ce sujet, que plus de « 4 000 universitaires depuis l’occupation américaine de l’Irak » ont fui à l’étranger. A Bagdad, 40% des enseignants de la Faculté des Lettres ont quitté l’Irak. A Bassorah, 72% des enseignants ont émigré et seuls 5,4% des étudiants qui partent étudier au Canada reviennent. Mais cet exil n’est pas doré. Mohamed Djelid , Directeur de l’UNESCO Amman – Irak observait que « les universitaires menacés sont obligés de quitter le pays » et qu’ils se retrouvent bien souvent « exilés et sans statut, sans droit à l’étranger ». D’autant que les visas constituent une denrée rare. Les discours de solidarité des pays frères arabes, des Etats européens et des Etats-Unis ne se matérialisent pas en autorisations de séjour. Ceux qui ne peuvent obtenir ces sésames se contentent de quitter Bagdad, pour rejoindre une région considérée comme plus calme, moins dangereuse.

(*) Réseau International de Solidarité avec les chercheurs Irakiens pour la Paix et les Recherches Interdisciplinaires (RISIPRI).                                    

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