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observatoire de la guerre en IRAK
observatoire de la guerre en IRAK
4 juin 2009

Nouvel appel en faveur de Tarek Aziz

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L'état de santé de Tarek Aziz reste sérieux


Le président irakien Jamal Talabani a parlé ces derniers jours de la démocratie qui a été instaurée dans son pays grâce à l’invasion américaine de 2003. Certains observateurs, qui ne connaissent pas l’Irak et ne savent guère ce qu’est la démocratie, confirment ses propos. Pour eux, la diminution des attentats sanglants et du nombre de morts prouvent que l’occupation qui dure depuis 6 ans valait la peine. Les morts sont dans l’incapacité de réagir mais leurs descendants le peuvent et ils le font. 20% des habitants de l’Irak sont devenus des réfugiés dans leur propre pays ou vivent dans des conditions lamentables en Syrie, en Jordanie et dans des pays plus éloignés où ils sont juste tolérés. En fait partie la famille de l’ancien vice-premier ministre Tarek Aziz. Elle vit dispersée en Jordanie et au Yémen et craint pour le sort de leur chef qui est gravement malade depuis assez longtemps. Avec d’autres prisonniers politiques comme l’ancien ministre du pétrole Amer Rachid et l’ex-ministre du commerce Mohamed Medhi Saleh, il est détenu au Camp Cropper américain dans la banlieue de Bagdad. Ces hommes ont déjà passé de nombreuses années là-bas, souvent sans avoir jamais été inculpés, sans possibilité de se défendre efficacement, sans assistance au sens des Conventions de Genève, sans soins médicaux efficaces. On se moque ici des obligations juridiques internationales. La lettre de Ziad Aziz, fils aîné de Tarek Aziz, à un ami vivant à l’étranger montre quel est le sort des prisonniers politiques et ce qu’il en est de leurs droits démocratiques fondamentaux.


                                                                                       Hans von Sponeck
                                                             Ancien coordinateur humanitaire des Nations unies pour l’Irak (1998–2000)



Lettre de Ziad Aziz à un ami vivant à l’étranger


Cher….. …,
En ce qui concerne votre réponse à notre lettre, j’ai le triste devoir de vous apprendre que vous êtes mal informé de cette affaire. Mon père, Tarek Aziz, est depuis 6 ans en détention provisoire au Camp Cropper américain et souffre de plusieurs maladies potentiellement mortelles qui nécessitent des soins médicaux de pointe et rapides. Le Camp Cropper est, comme vous le savez sans doute, avant tout un centre où des personnes de haut rang se trouvent en détention provisoire. Il est absolument faux de prétendre qu’un tel établissement, c’est-à-dire une prison, puisse assurer de quelque manière que ce soit des «soins médicaux appropriés», adaptés à toutes sortes de situations ou de maladies.

Ainsi, il y a deux ans, mon père a fait une chute lorsqu’il prenait sa douche et comme on craignait qu’il ait été victime d’une attaque, on l’a transporté sur la base aérienne de Balad (à 200 kilomètres au nord de Bagdad) pour le soumettre à une tomodensitométrie.

Je suis certain – c’est évident pour un profane – que lorsque quelqu’un a fait une attaque, il ne peut pas attendre d’être transporté dans un hôpital situé à 200 kilomètres. Mon père, qui a 72 ans, risque de faire une attaque et souffre de plusieurs autres maladies.

L’assistance médicale à laquelle vous faites allusion consiste en un médecin qui va voir les prisonniers de temps en temps, les ausculte (tension, taux de sucre sanguin) et leur administre des médicaments. Or mon père a beaucoup maigri pendant sa captivité, ce qui signifie que les doses de médicaments devraient être régulièrement adaptées à son poids, mais cela ne s’est jamais produit. En ce qui concerne son droit à recevoir des visites d’un avocat et de sa famille, l’Armée américaine exige que les avocats, notamment celui de mon père, quittent la Zone verte dans laquelle ils habitaient. Cela empêche pratiquement l’avocat d’aller voir mon père et même de participer aux audiences du tribunal car il craint pour sa vie. Comme vous le savez sans doute, la vie des avocats qui défendent des hauts fonctionnaires comme mon père est constamment menacée et beaucoup d’entre eux ont été assassinés, certains même dans leur bureau placé sous la protection des autorités américaines. Je vous prie d’imaginer leur situation, maintenant qu’ils ne sont plus sous la protection des Américains et qu’ils ont dû quitter la Zone verte. Quant au procès, je vous invite à voir les audiences telles que les montre la télévision irakienne. Je vous invite à constater cette parodie de justice où des juges indépendants montrent sans ambiguïté ou avouent leur hostilité à l’égard des accusés. Dans tout pays civilisé et vraiment démocratique, dans tout tribunal qui respecte le droit, on dessaisirait immédiatement ces juges de leur dossier et on les déférerait à un comité d’éthique.

A cela s’ajoutent de fréquents sévices corporels et des insultes et le fait que l’on dénie aux accusés le droit de se défendre contre les accusations portées contre eux et de mettre en cause les preuves invoquées.

Veuillez m’excuser pour la longueur de cette réponse, mais la situation est extrêmement grave et l’état de santé de mon père empire de jour en jour.

Source : AFI n° 93, juin 2009, Gilles Munier

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